Déclaration à la direction des ressources humaines à la suite du rejet des offres patronales par l’assemblée générale du SPCR

Monsieur Bérubé,

Nous avons pris connaissance du dépôt sectoriel du CPNC, transmis aux représentants syndicaux le 16  décembre 2022, ainsi que du dépôt du Conseil du trésor, pour les matières relevant de la table centrale, transmis aux représentants du front commun le 15 décembre 2022. La lecture de ces documents a soulevé chez nous d’importantes inquiétudes, pour de nombreuses raisons. À la table sectorielle, si partie syndicale et partie patronale partagent plusieurs préoccupations – par exemple, un souci pour les étudiantes et les étudiants, une volonté d’assurer la santé des travailleuses et des travailleurs, un désir d’augmenter l’attrait de la profession enseignante au collégial – force est de constater que leurs divergences sont significatives lorsque vient le temps de réfléchir aux solutions à mettre en œuvre. De plus, nous sommes choqués de constater que le dépôt patronal est essentiellement muet sur des enjeux qui préoccupent énormément nos membres, comme la précarité, la charge de travail et son calcul, ainsi que le financement des ressources enseignantes, notamment pour le soutien direct aux étudiantes ou aux étudiants qui présentent des lacunes ou des difficultés importantes.

On nous invite à concevoir le dépôt patronal sectoriel comme formant un tout avec le dépôt patronal de la table centrale. Cela n’est rien pour nous rassurer. Dans les deux cas, on constate d’importantes contradictions entre les problèmes soulevés et les solutions proposées. Ainsi, si le Conseil du trésor et le CPNC se désolent des difficultés d’attraction des travailleuses et des travailleurs, ils ne conçoivent comme réponses que des attaques sur nos conditions de travail. Par exemple, ils se proposent de restreindre l’accès aux congés ou de limiter les recours à l’invalidité, alors que ce sont précisément nos conditions de travail problématiques qui contribuent à l’épuisement professionnel et au recours aux congés et à l’invalidité. Sur le plan salarial, même constat. Alors que le gouvernement offre aux travailleuses et aux travailleurs des augmentations salariales inférieures aux prévisions de l’inflation, on s’interroge sur sa compréhension des conditions d’attraction dans les secteurs public et parapublic. Pour que ces secteurs soient attirants, il faut garantir à la fois des conditions salariales correctes et des conditions de travail décentes.

Finalement, nous sommes atterrés de constater que le réseau collégial est de nouveau ignoré dans les priorités gouvernementales. Le forum sur l’« équipe classe » réfère uniquement à l’enseignement primaire et à l’enseignement secondaire. Il faudra que l’ensemble des intervenants du réseau collégial fassent front commun (sans mauvais jeu de mot) pour attirer l’attention du gouvernement et faire en sorte que nos membres voient leurs préoccupations prises en compte.

Nous attendons de la direction du Collège qu’elle témoigne de la réalité du terrain et des insatisfactions soulevées par les dépôts patronaux. Nous avons besoin que le ministère de l’Enseignement supérieur, et la Fédération des cégeps, jusqu’à un certain point, soient mieux informés des conditions réelles d’exercice de la profession enseignante et des besoins des enseignants et des enseignants. Il ne faut pas remettre la recherche de solutions dans les mains de personnes qui, à défaut d’une connaissance suffisante du domaine sur lequel elles prétendent intervenir, mettent de l’avant des remèdes irréalistes ou qui ne tiennent pas compte du personnel enseignant et des besoins réels de la population étudiante.

 

Sylvie Demers
Présidente
Syndicat des professeures et professeurs du Collège de Rosemont