Les quatre organisations du Front commun se sont entendues sur un mandat de grève à soumettre aux syndicats locaux. Ce sont donc les 420 000 membres de la CSN, de la CSQ, de l’APTS et de la FTQ qui se prononceront sur la même proposition. À Rosemont, notre assemblée générale se déroulera le 20 septembre. Première publication d’une série spéciale avec un bref rappel du contexte et des raisons qui amènent le Front commun à durcir le ton.
Rappel de la proposition de mandat de grève qui sera soumise au vote
La proposition soumise au vote nous donne d’entrée de jeu la possibilité de recourir à la grève générale illimitée, mais elle précise aussi explicitement que cela sera précédé de « coups de semonce », dont les modalités seront établies en fonction de la conjoncture des négociations.
QUE les syndicats tiennent des assemblées générales entre le 18 septembre et le 13 octobre 2023 afin de tenir un vote sur l’adoption du mandat non amendable suivant :
- Je mandate le Syndicat des professeures et professeurs du Collège de Rosemont (SPCR) pour déclencher,
au moment jugé opportun, une grève pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée (GGI). - Que le déclenchement de la GGI soit précédé de séquences de grève, et ce, en tenant compte de la
conjoncture de négociation. Notez également que l’intention est d’exercer la grève en Front commun, c’est-à-dire simultanément pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs de tous les secteurs.
Pourquoi en arrive-t-on là ?
Vous le savez, les négos traînent et un fossé considérable sépare la partie patronale de la partie syndicale. D’ici la semaine prochaine, nous reviendrons de manière plus détaillée sur les enjeux salariaux et les problèmes de conditions de travail. Qu’il suffise de mentionner dès maintenant que le gouvernement et ses membres, avec le Premier ministre en tête, ne manifestent aucune ouverture face à nos demandes, quand ils ne font pas carrément preuve de mépris. Rappelons les déclarations des derniers mois, qu’il s’agisse des députées et des députés qui ont « le droit d’aller gagner le plus d’argent possible pour donner le plus possible à [leurs] enfants » (François Legault, La Presse, 23 mai 2023) ou des préoccupations face aux difficultés à recruter des candidats députés en raison d’une rémunération trop peu élevée (Éric Lefebvre, Le Devoir, 10 mai 2023). Rappelons aussi la hausse récente de la rémunération des députées et députés, de l’ordre de 30 %, et celle obtenue récemment par les policiers de la Sûreté du Québec, à hauteur de 21 % pour cinq ans.
Clairement, selon François Legault, obtenir au minimum des augmentations salariales égales à l’inflation, c’est déjà trop demander. Après avoir offert le champagne aux députés, les grands vins aux policiers de la SQ, il a eu l’odieux de nous avertir que ce ne sont même pas toutes les travailleuses et tous les travailleurs qui auront droit à la Labatt Bleue (La Presse, 8 septembre 2023) !
Comment la quête de mandats de grève s’inscrit-elle dans le cadre de la négociation ?
Dans une négociation, l’objectif principal demeure le même à toutes les étapes : construire un rapport de force avec le gouvernement. Sans rapport de force, sans manifestation de détermination de la part des travailleuses et des travailleurs, jamais la partie patronale ne divergera de ses propositions initiales. Si nous jugeons que celles-ci sont inacceptables, il n’y a qu’une conclusion logique.
Refuser le recours à des moyens de pression
plus radicaux, notamment la grève,
c’est renoncer à faire bouger le gouvernement
et nous satisfaire de l’appauvrissement qu’il nous offre.
Plusieurs événements se dérouleront cet automne, qui concourront tous à la construction de ce rapport de force. Chacun de ceux-ci possède son importance : c’est la multiplication des actions qui permettra d’augmenter la pression.
Premier événement : grande manifestation nationale du Front commun, le 23 septembre, à 13 h, à Montréal. Nous avons largement affiché dans le Collège. Il y aura un point de rencontre pour la communauté du Collège de Rosemont, au parc Jeanne-Mance, coin du Parc et Mont-Royal, à partir de 12 h 30. Repérez les bannières des syndicats !
Deuxième événement : le vote sur le mandat de grève. Adopter un mandat de grève est en soi un moyen de pression. Mais il ne suffit pas de l’obtenir. Il faut que les votes soient massifs et démontrent ainsi notre détermination. Nous aurons le difficile tâche de nous prononcer au début de la période de consultation des assemblées générales locales. Il faut donner le ton, il faut que le message envoyé au gouvernement soit clair.
On ne fait pas la grève pour le plaisir.
On fait la grève parce qu’on le doit.
Adopter un mandat de grève fort
témoigne déjà de notre détermination
à faire valoir nos droits.
Disons-le clairement au gouvernement !
Troisième événement : l’exercice de la grève. Le Front commun représente une force de frappe considérable, d’autant plus que nous avançons toutes et tous dans la même direction. Exercer la grève, c’est faire le pari que des coûts à court terme entraîneront des bénéfices à plus long terme. Et cela ne concerne pas que les personnes salariées du Collège. Cela concerne aussi nos étudiantes et nos étudiants, qui seront nombreuses et nombreux à rejoindre plus tard le secteur public. Posons-nous la question : quelles conditions salariales et quelles conditions de pratique souhaitons-nous leur léguer ?
Nos luttes sont aussi celles des étudiantes
et des étudiants et nos conditions
de travail sont leurs conditions d’études,
ne l’oublions pas !
Dans notre prochain texte : rémunération et coût de la vie !
Un mot de notre vice-président à la négociation
