La rémunération, ce sont bien sûr les grands échanges de la table centrale sur les salaires, mais également plusieurs autres questions apparentées, comme le rangement des titres d’emploi, les primes, les mesures financières non-salariales comme le remboursement des cotisations aux ordres professionnels et, finalement, les mesures salariales qui visent uniquement certains groupes de personnes, comme celles qui enseignent à la formation continue.
Dans ce deuxième texte en préparation de l’assemblée générale du 20 septembre, nous examinerons tout particulièrement la question de l’évolution des salaires et de la hausse du coût de la vie. La morale de l’histoire : ne pas s’appauvrir n’est pas un gain !
Comment l’évolution de nos salaires se compare-t-elle
à la progression du coût de la vie ?
La réponse à une telle question dépend évidemment de la période de référence et de ce que l’on inclut ou pas dans les « hausses de salaire ». Dans le passé, le gouvernement a souvent fait preuve de créativité, incluant par exemple dans le total de ses offres exprimées en pourcentage des montants forfaitaires non-récurrents. Cette fois, le Premier ministre tente de gonfler la valeur de ses offres en y incluant un ajustement salarial de 2,5 %, qui ne concerne pourtant qu’une minorité de travailleuses et de travailleurs.
François Legault affirme que les offres du Conseil du trésor assurent aux travailleuses et aux travailleurs une protection adéquate contre la hausse du coût de la vie. Qu’en est-il ? Aux fins de l’analyse, retenons la logique sous-tendant la revendication par le Front commun d’un mécanisme de protection du pouvoir d’achat, en vertu duquel la hausse de salaire d’une année donnée compenserait pour la progression de l’IPC pendant l’année civile précédente. Nous vous proposerons trois scénarios de comparaison des variations salariales avec les variations de l’IPC. Pour les salaires, nous utiliserons les données issues de la convention collective pour les années passées et les offres salariales gouvernementales pour les années ultérieures. Pour l’IPC, nous utiliserons les données de l’ISQ pour les années passées et les prévisions du gouvernement pour les années ultérieures.
PREMIER SCÉNARIO : la période couverte par la proposition de convention collective du gouvernement (2023-2028). Nous comparerons donc les offres salariales de la période 2023-2028 à la progression de l’IPC pour les années 2022 à 2026. Comme nous pouvons le constater dans le tableau suivant, les propositions du gouvernement sont clairement inférieures à la progression de l’IPC.
DEUXIÈME SCÉNARIO : la période couverte à la fois par la dernière convention collective et par la proposition actuelle du gouvernement (2020-2028). Nous comparerons donc les hausses de salaire de la convention 2020-2023, auxquelles nous ajouterons les offres salariales de la période 2023-2028, à la progression de l’IPC pour les années 2019 à 2026. Encore une fois, nous le constatons, les salaires évoluent à un rythme inférieur à celui de l’IPC.
TROISIÈME SCÉNARIO : la période couverte à la fois par les deux dernières conventions collectives (2015-2020 et 2020-2023) et par la proposition actuelle du gouvernement (2020-2028). Nous comparerons donc les hausses de salaire des conventions 2015-2020 et 2020-2023, avec et sans les ajustements salariaux du 2 avril 2019 (rangement 23 et modification à la structure salariale du gouvernement), auxquelles nous ajouterons les offres salariales de la période 2023-2028, à la progression de l’IPC pour les années 2014 à 2026. Cette fois, nous constatons que la progression des salaires suit la progression de l’IPC, si nous incluons les ajustements salariaux du 2 avril 2019. Il convient cependant de poser un regard critique sur cette observation.
Rappelons que les échelons 17 à 20 de notre échelle salariale ont subi un ajustement significatif de 7,6 % le 2 avril 2019. La variation s’explique par le passage à l’échelle du rangement 23 (5,1 %) et par les ajustements à la structure salariale du gouvernement (2,5 %).
Nous prenons la peine de mentionner ces éléments parce qu’il est crucial de comprendre qu’il ne s’agit pas de hausses de salaire. Les ajustements du 2 avril 2019 résultent principalement d’un reclassement de notre profession. En d’autres termes, le gouvernement a reconnu que nous étions auparavant sous-payés, parce que notre profession était sous-évaluée. Ce « pas de côté salarial » contribue alors à donner une idée trompeuse de l’évolution de notre pouvoir d’achat. La bonification salariale du passage au rangement 23 s’apparente davantage au passage d’une échelon à l’autre au sein d’une échelle plutôt qu’à une hausse de salaire. En effet, l’échelle type du rangement 23 n’a pas augmenté dans les mêmes proportions que notre salaire. Nous pouvons aussi faire l’hypothèse que la situation de la majorité des autres travailleuses et travailleurs est encore moins enviable, comme ils n’ont pas profité d’un changement de rangement. C’est pour la rémunération de toutes et de tous que nous luttons !
À titre de rappel, le Front commun revendique une hausse de 2 % ou de 100 $/semaine pour 2023, de 3 % pour 2024 et de 4 % pour 2025. Nous demandons aussi un mécanisme de protection du pouvoir d’achat, pour obtenir à chaque année un pourcentage correspondant à la progression de l’IPC de l’année précédente.
Se contenter de ne pas s’appauvrir,
c’est renoncer à améliorer sa situation !
Nous méritons mieux !
Rappel des autres principaux enjeux
Rappelons aussi quelques éléments importants. L’Institut de la statistique du Québec (ISQ), dans son rapport annuel sur l’état de la rémunération au Québec, démontre année après année que, pour des emplois comparables, les travailleuses et les travailleurs des secteurs public et parapublic présentent un déficit salarial et un déficit de rémunération globale par rapport aux autres personnes salariées syndiquées québécoises. Cela s’ajoute donc aux enjeux de protection du pouvoir d’achat.
Les hausses de salaire obtenues par les enseignants du primaire et de secondaire, lors des négociations de 2020, ont créé une situation particulière : pour plusieurs échelons des échelles, leur salaire est maintenant identique au nôtre, alors que notre rangement salarial est pourtant supérieur. De plus, la rémunération à la formation continue demeure inéquitable. Des travaux devront se poursuivre.
Finalement, certaines de nos demandes concernent les dépenses encourues par les professeures et les professeurs. Dans certains cas, par exemple les dépenses liées aux assurances collectives, cela concerne tout le monde. Obtenir de la part de l’employeur une contribution aux frais d’assurances permettrait aussi d’améliorer notre revenu total. Dans d’autres cas, par exemple les dépenses associées au paiement des cotisations aux ordres professionnels, cela ne concerne que quelques personnes ou quelques disciplines. Il demeure inacceptable que des gens doivent payer certains frais afin de pouvoir enseigner.
Nous avons droit à notre juste part !
Dans notre prochain texte, tâche et surcharge !
Un mot de notre vice-président à la négociation
